800 KM SUR LE CHEMIN DE COMPOSTELLE (été 2021) : VIVRE L’INSTANT PRÉSENT

Quand je marche sur ce chemin pendant des semaines, je pose chacun de mes pas sur la terre ferme, sur une pierre branlante, sur un gros rocher ou parfois sur le bitume brûlant. 

Chaque pas est important car c’est lui qui va me conduire au but ultime que j’ai choisi d’atteindre. Le chemin est long et pas toujours facile. Garder l’objectif en tête tout en étant ici et maintenant.

Deux pieds bien ancrés dans le sol pour des pas parfois lents, parfois rapides, parfois à l’arrêt. Parfois des pas qui sautent la rivière, qui évitent les énormes racines de ces vieux arbres tranquilles.

 

Le pas qui me fait vivre l’instant présent en même temps que mes yeux s’émerveillent devant tant de merveilles autour de moi.

 

Une sensation me traverse pleinement. Je ressens toute la beauté de cette nature à l’intérieur de moi : l’énorme cèdre de l’Atlas bien enraciné, avec ses branches qui s’étirent vers le ciel et déploient leurs énormes pommes de pin, l’orpin des rochers qui s’étale sur la roche volcanique en plein soleil, le ciel agité éclatant de lumière où on peut deviner toutes sortes de formes, le chant des oiseaux, la magie du moment silencieux où je regarde ma carte car je ne sais plus dans quelle direction aller et où deux jeunes biches gambadent à trois mètres de moi pendant plusieurs minutes.

Cette nature que je vois à l’extérieur, je la ressens à l’intérieur. Elle est juste magique, je la vois, je l’entends, je la respire, je la vis. Là. Maintenant.

Cette nature me fait vibrer. Je suis ici sans être là. Je me sens arbre, je me sens fleur, je me sens oiseau, je me sens biche. Je savoure chaque instant, chaque seconde. J’oublie le temps, j’oublie la distance, j’oublie les quelques douleurs aux pieds, j’oublie qui je suis.

Je suis en connexion totale avec l’univers. Je me sens divinement libre. Rien n’est plus libérateur que de vivre ce qui est.

Gratitude infinie…